Je suis dans une maison bourgeoise à moulures en plâtre sur ses hauts plafonds, et la grande fenêtre qui est derrière moi laisse passer une lumière de matinée de printemps bien engagée. En face de moi il y a trois vivariums superposés, larges de deux mètres au moins, presque couvrant tout le mur. A l’intérieur il y a des serpents. Dans chaque vivarium, au moins un long serpent noir, peut-être d’autres animaux, et dans celui du milieu s’y ajoute un serpent rouge à la tête large et triangulaire. C’est un mamba. Je sors le long serpent noir de sa maison du haut car je me rends compte que les pauvres petites bêtes ne se dégourdissent pas souvent les anneaux, et il part dans la maison. Dans le vivarium du bas, on peut voir des oeufs, des mues, et un serpent qui dort. Le serpent noir s’amuse avec Caramel le chat, et il devient un chat, un peu plus efflanqués et pouilleux, mais tout aussi roux, afin de jouer plus facilement avec lui. Caramel ne s’inquiète ni du serpent dans sa forme initiale, ni de la période de transformation où il chimérise grave, ni de son apparence finale qui le suit fidèlement, et se frotte, passe sa balle, bref joue sans souci. Je les vois traverser la cuisine et sortir en s’éloignant.
Soudain, je me rends compte que le mamba s’est échappé. C’est angoissant, atrocement horrible, car le mamba est le serpent le plus dangereux du monde et, justement je voulais le confier au muséum d’histoire naturelle. Quand je l’ai vu juste avant, je me suis soudain souvenu que c’est un animal très rare, et qu’il faut le confier à des personnes qui sont capables de s’en occuper. Il est même en voie de disparition. J’appelle alors le muséum, quelqu’un me répond, on me passe un autre bureau, et au bout d’une phrase la communication s’interrompt. Je rappelle le museum, on me répond de nouveau, on me passe le même bureau et une autre voix me répond. Je commence mon explication mais la communication est de nouveau rompue.
J’ai peur. Je me souviens que ce mamba a essayé de me mordre par derrière, dans la nuque, et que l’ami qui prenait le thé avec moi à ce moment m’avait prévenu in extremis du danger (et certainement avait réussi à l’attraper et mettre dans mon vivarium). On soupçonna un malfaisant de l’avoir amené là pour me tuer – en effet que ferait un mamba sur ma terrasse ombragée ?
J’ai vraiment très peur. Ce mamba peut être caché n’importe où et sa morsure est terrible. Il est fort, long, intelligent, et sortait souvent sa langue fourchue en me regardant de ses yeux noirs. Il me connaît. Mon mec dit que ce n’est rien, je lui mets un bon coup de baton et il est mort ton serpent. Mon père approuve. Mais je suis encore plus inquiète “Comment ??!! Tuer un mamba ?? Mais c’est un animal très rare, il faut au contraire bien le traiter.”
Bon sang, comment contacter le museum ?